jeudi 22 août 2013

Jeune et jolie, provocateur et réussi

 
 
Je ne suis pas toujours fan de ce que fait Ozon mais je dois dire que ce Jeune et jolie est un pari autant osé que réussi. Choisissant un thème délibérément provocateur - la prostitution, Ozon le traite néanmoins de manière subtile et loin de la pornographie que beaucoup supposent.
 
Sans nous voir réellement expliquer le pourquoi de la démarche de la sublime Isabelle, on accepte néanmoins qu'elle ait pu se laisser tenter par ce chemin tortueux qui lui a permis de se découvrir et d'assumer cette sensualité qui se dégage d'elle de manière innée et au départ pas vraiment maîtrisée. On suit le parcours sinueux de ces premières expériences, la libération qu'elle en retire peu à peu et surtout ce moment où tout bascule et où elle se rend compte que ses actes ont finalement des conséquences.
 
Lorsque sa double vie est percée à jour, lorsqu'elle doit faire face au jugement des autres, à la colère et au dégoût de sa mère, elle ne peut faire autrement que de rentrer dans le rang et de faire ce qu'on attend d'elle pour se fondre dans la norme. Sans avoir à justifier ainsi de ses motivations profondes et ce qu'elle a cherché à combler en se livrant à la prostitution.
 
Sans voyeurisme, Ozon nous livre une fresque contemporaine qui pousse à s'interroger autant sur les fantasmes qui agitent la jeunesse (et apparemment la gente féminine plus généralement) que sur l'insouciance qui incite à sans cesse repousser ses propres limites.
 
4 saisons, 4 chansons et 4 étapes dans la vie d'une jeune fille de 17 ans. Rimbaud et son fameux On n'est pas sérieux quand on a 17 ans sont ainsi cités et mis en pature à tous ses adolescents qui rêvent de liberté, d'évasion et d'expériences qui les forgeront.
 
Ce film qui semblait devoir me choquer dégage une espèce de poésie mélancolique dans laquelle on se laisse happer et qui nous empêche d'entrer dans un quelconque jugement. Et surtout ce film révèle Marine Vacth qui, pour un premier essai, est absolument subjugante et allie à la fois la juvénilité et  la maturité requises pour ce rôle.
 
Un plaisir également de retrouver Géraldine Pailhas qui est une actrice que j'apprécie beaucoup.
 
Un film à voir autant pour le casting que pour l'intelligence avec laquelle le réalisateur traite ce sujet "choquant"!
 
 
 
 

4 commentaires:

  1. Je suis à 100% d'accord avec ton billet, le pari est réussi! ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ce qui était loin d'être gagné vu le thème abordé :)

      Supprimer
  2. J'ai adoré cette scène de récitation du poeme de Rimbaud, c'était très beau, surtout quand c'est au tour d'Isabelle. Je le trouve très bien réalisé, et si l'on a pas d'explication c'est peut être qu'Isabelle elle même n'en a aucune pour expliquer ses actes ...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Effectivement :) En plus ce sont de vrais élèves du lycée Henry IV et non des acteurs j trouve çà encore plus juste!

      Supprimer

Laissez une trace de votre passage...