lundi 11 mars 2013

La Comédie Française joue Phèdre

 
Me voici, moi, petite novice nichée dans un coin de la salle Richelieu en pleine Comédie Française. Le décor est somptueux, je suis impressionnée de me trouver dans un cadre aussi mythique. Les plus grands ont foulé cette scène, des acteurs justes, exceptionnels, pensionnaires ou sociétaires. Je serai franche, si je suis là aujourd hui, c est pour le plus jeune de ses pensionnaires, cette étoile montante que j'ai envie de découvrir autrement. Cette étoile montante qui me donne envie de découvrir autre chose, du grand théâtre, du classique, du dont je n'ai pas l'habitude!
 
Après Le Chapeau de Paille d'Italie, je change totalement d'univers. Finies les couleurs, les chansons, le dynamisme et la folie ambiante. Nous sommes dans de l'austère, la mise en scène est sobre: une table, un lit et la mer en fond visuel. Etant un peu trop à gauche de la scène, je manque une grande partie du décor et du jeu des acteurs et c est vraiment dommage. Cela gâche un peu le plaisir et la qualité du moment.
 
Racine, Phèdre, un classique étudié dans mes tendres années mais dont les grandes lignes restent en mémoire. Une reine qui nourrit des sentiments à l'égard de son beau fils, sentiments qu'elle combat en le persécutant et en l'éloignant du royaume et de son père. Hippolyte entre en douceur sur scène, tout en retenue, accompagné de Théramène, son gouverneur. Malgré un décor qui essaie de s'inscrire dans la réalité, le texte est scandé, antique, tragique, tel qu'on pouvait l'espérer. Un bémol néanmoins qui dessert le jeu des acteurs: la radio qui sert de fond sonore durant toute l'intrigue, elle empêche parfois d'entendre ce qui aurait besoin d'être entendu et dérange par son omniprésence, au détriment d'une concentration nécessaire. Les costumes sont également modernisés, plus dans l'air d'un temps malgré tout révolu. L'imper donne un côté Dandy à Hippolyte,  le tailleur pantalon vintage d'Aricie se démarque des autres costumes féminins et semble souligner la force de son caractère et son statut d'inégalable aux yeux de son amoureux transi.
 
Je m'interroge sur la présence du micro à gauche de la scène (invisible donc à mes yeux). Par moments, les personnages viennent y égrainer quelques vers. Sans vouloir me faire taxer d'inobjectivité, je trouve que le seul que cette étrange présence microphonique met en valeur, c est Pierre Niney qui murmure, prend un ton différent et ajoute une dimension dramatique à son personnage. Du mal à comprendre les autres qui s'essaient au même exercice de style!
 
 
Des éclats de voix, du pas de course réveillent l'attention et l'urgence de la situation. Fuir, toujours fuir, tel est le dessain du jeune Hippolyte. Fuir un amour interdit, fuir une belle-mère maltraitante puis soudainement passionnée, fuir la colère d'un père qui le croit coupable. La valse des personnages, des scènes font passer assez rapidement les plus de 2h sans pause de ce Phèdre mythique.
 
Un gros coup de coeur pour la scène qui oppose Hippolyte à son père accusateur. Toute en puissance et en drame.
 
Il est quand même hallucinant de constater à quel point il semble aisé au fameux Pierre Niney de faire de si grands écarts. De passer de comédies romantiques modernes qui répondent à des codes bien particuliers à une tragédie antique de grande envergure et teintée d'un classicisme pas facilement maîtrisable. Et au sein de cet univers théâtral,  jongler ainsi entre du Labiche et du Racine avec une aisance illuminée d'une humilité touchante, c'est rare. Je voulais le découvrir autrement et j'ai été plus que servie. Me suis rendue à l'évidence. Il est capable de tout, il est capable de Grand et d'Exceptionnel. La route sera longue et belle pour lui, c est une certitude, une de ces certitudes qui embellissent d'avance les années à venir...
 


 
PHEDRE
De Jean Racine
Mise en scène de Michael Marmarinos
Avec :
Cecile Brune, Panope
Eric Génovèse, Théramène
Clotilde de Bayser, Oenone
Elsa Lepoivre, Phèdre
Pierre Niney, Hippolyte ( en alternance)
Jennifer Decker, Aricie
Samuel Labarthes, Thésée
Benjamin Lavernhe, Hippolyte (en alternance)
Emilie Prevosteau, Ismène
Scénographie, Lili Pézanou
Costumes, Virginie Merlin
Musique originale et réalisation sonore, Dimitris Kamarotos
Lumières, Pascal Noël
Assistante à la mise en scène, Alexandra Pavlidou
Collaboratrice artistique et interprète, Myrto Katsiki
Images du spectacle filmées par Nikos Pastras
Musique en registrée par le quatuor ENEA
En alternance du 2 mars au 26 juin 20h30
Matinée 14h30
Comédie Française
Salle Richelieu
Place Colette, Paris 1er
Bus 21, 27, 39, 48, 67, 68, 69, 81, 95
Métros Palais-Royal Musée du Louvre, Pyramides
Parkings Carrousel du Louvre, Pyramides, Petits-Champs
Réservations: 0825 10 16 80
www.comedie-francaise.fr

2 commentaires:

  1. Quel déception! Le texte de Racine est massacré par la mise en scène. Heureusement le talent des acteurs arrivent à récupérer le génie de la pièce... malgré les efforts de Mr Marmarinos pour la saccager: micro statique pour débiter les vers platement, musique de fond insipide tout autant qu'inutile et ennuyante, et le pire reste les récitations du texte à la troisième personne, comme si le texte n'était plus joué mais simplement lu. Il faut aimer la langue française pour monter du Racine, apprécier son génie et le laisser simplement s'exprimer. Le metteur a fait tout le contraire: ce n'est plus du Racine, c'est du Marmarinos et c'est très décevant.

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  2. Je ne suis pas une spécialiste de la Comédie Française et n'ai pas l habitude de voir des classiques au théâtre. Alors effectivement la mise en scène est à revoir (pour ma part, le micro et la radio en fond sonore desservent totalement la pièce) mais pour le reste, en novice que je suis, je me suis laissée porter par cette histoire tragique et par des acteurs qui ne déméritent pas .Je ne m'attendais pas à une "modernité" des costumes (et de la pièce dans son ensemble) mais j'ai fini par m'y habituer et finalement par apprécier ce que j'ai vu.

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